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Comment rendre vos classes virtuelles interactives ?

L'expérience de la Fédération AGIRC-ARRCO

Le contexte

La Fédération AGIRC-ARRCO propose, en complément de son offre de formations en présentiel, des solutions blended learning et met en œuvre des classes virtuelles. Dans cet entretien, Alain NOGUEIRA et Orokia SANGARE, chargés de Projet Digital à la Fédération AGIRC-ARRCO nous donnent des conseils pratiques afin de concevoir et d’animer des classes virtuelles dynamiques.

L'entretien

Pourquoi avez-vous choisi la modalité de classe virtuelle dans vos parcours de formation ?

Pour tout vous dire, au début nous sommes passés à la classe virtuelle par défaut. Notre parcours e-learning combiné à du présentiel était fin prêt quand la pandémie s'est déclarée, et comme beaucoup pendant la crise du Covid, nous avons dû trouver rapidement une solution. C'est ainsi que nous avons mis en place des classes virtuelles. Ce qui s’avérait au début être une contrainte est devenu pour nous un très bel atout pédagogique car la classe virtuelle permet d'allier la rigueur de conception d’un module eLearning à la souplesse d’une formation en présentiel. Aujourd’hui, la classe virtuelle est clairement un atout essentiel dans nos formations. C’est ainsi qu’après la crise du Covid, cela nous a semblé évident de continuer à maintenir les classes virtuelles dans nos parcours.

Portrait du chargé de projet Digital chez la Fédération AGIRC-ARRCO

Alain NOGUEIRA, chargé de Projet Digital à la Fédération AGIRC-ARRCO

Selon vous, quel est l'atout essentiel de la classe virtuelle Via ?

La classe virtuelle permet avant tout de remettre l’humain au cœur de nos formations à distance et de maintenir le lien entre les apprenants et le formateur tout au long d’un parcours. Les différentes classes virtuelles ponctuant ce parcours sont autant d'espace-temps consacré à l'échange, à la cohésion de groupe, à l'émulation entre apprenants... et donc à la motivation de chaque participant. C'est essentiel car selon nous le frein le plus puissant à l'apprentissage est l'ennui, d'autant plus que la classe virtuelle Via est bien plus qu'une simple visio. Elle propose toute une série d'outils pédagogiques à forte valeur ajoutée qui permettent une expérience très interactive.

Le rôle d'un formateur est-il différent quand il anime une classe virtuelle ?

Tout à fait, le formateur change de statut dans une classe virtuelle. Il a davantage un rôle d'accompagnant que dans une formation en présentiel. Il doit s’assurer que chaque apprenant est à l’aise pour s’exprimer. Aussi qu'il a bien reçu les informations nécessaires pour être dans les meilleures conditions d’apprentissage possibles. Il est bon qu’une instruction ou une notion importante soit à la fois écrite et dite pour être sûr qu’elle soit bien comprise et assimilée. Il est également essentiel de faire circuler la parole. Une bonne façon de le faire est par exemple de créer des débats au sein du groupe, de permettre aux apprenants de confronter leurs idées. D'ailleurs, l’apprenant lui aussi voit son rôle évoluer dans une classe virtuelle. Il devient réellement acteur de son apprentissage. Par exemple, dans le mode atelier dont nous allons parler plus loin, les apprenants sont autonomes pour mener à bien leurs exercices pédagogiques. De plus, nous essayons à chaque fois de partir de leurs propres savoirs et expériences pour qu’ils les partagent à tout le groupe. Cette méthodologie permet d’enrichir considérablement la formation.

Combien de temps faut-il pour préparer sa classe virtuelle ?

Cela va dépendre à la fois des ressources pédagogiques que vous avez déjà à votre disposition, et du degré de maîtrise que vous avez des outils pédagogiques de la classe virtuelle. C’est pourquoi il est très important d’accompagner les formateurs à la conception et à l’animation d’une classe virtuelle. À la Fédération AGIRC-ARRCO, nous accompagnons tous nos formateurs dans la prise en main technique de l’outil et dans les différentes méthodologies pédagogiques à mettre en place. Ainsi l’équipe pédagogique co-construit avec les formateurs le séquençage des formations pour nous assurer que les classes virtuelles répondent précisément aux objectifs de chaque module.

Pour répondre concrètement à votre question, au début nous préparions nos classes au moins une semaine avant le jour J alors qu'aujourd'hui il nous suffit de quelques jours. Et cela toujours avec une règle à respecter : que les formateurs nous consultent systématiquement s’il y a un changement dans la scénarisation pédagogique de la classe, car la réussite passe par une bonne scénarisation des classes afin de rendre l’expérience des apprenants la plus immersive possible. Il faut prévoir une suite de séquences pédagogiques qui capte en continu l’attention des apprenants. Les séquences pédagogiques doivent être courtes pour donner du rythme et répondre à des objectifs précis. De plus, il est important de solliciter les apprenants de différentes manières (par l’image, le son, l’écriture, etc.). Dans l'idéal, il est bon d’avoir des petits exercices pédagogiques en réserve pour pouvoir s'adapter au mieux aux besoins et aux demandes des apprenants. Pour conclure : plus on aura préparé en amont, plus on pourra être à l'écoute et s'adapter aux attentes des apprenants. De plus, la meilleure méthode pour construire un parcours e-learning efficace est de le faire évoluer au cours du temps par un système d’essais-erreurs.

Capture d'écran d'une classe virtuelle

Quelle est, selon vous, la meilleure façon de créer une classe virtuelle engageante dès les premières minutes d'une formation ?

Tout d’abord, il est important d’établir des règles de fonctionnement claires pour tout le monde. C’est comme un contrat que le formateur passe avec les apprenants sur les bonnes pratiques à adopter dès le début pour rendre les classes virtuelles à la fois agréables et efficaces. Ensuite, il est essentiel de mettre en place des modes opératoires précis en cas de difficultés techniques rencontrées par les apprenants de façon à ne pas pénaliser l’ensemble du groupe. Enfin, nous faisons en sorte que nos apprenants utilisent par eux-mêmes les différents outils pédagogiques. Par exemple, on aime bien rendre la signature de la feuille d’émargement ludique. Cette étape indispensable permet de s’assurer de la présence de chacun et de lancer le premier tour de table. Au cours de cette étape, les apprenants apprennent à maîtriser l’outil d’annotation « crayon » qui leur sera très utile pour le reste de la formation. Ainsi d’une contrainte on a mis en place un exercice brise-glace. De plus, ça permet aux apprenants de se rendre compte de façon très concrète de l’intérêt des outils pédagogiques dans la classe virtuelle.

Comment maintenez-vous la dynamique du groupe après cette première activité brise-glace ?

La plupart du temps, on poursuit en sous-groupes. Nous répartissons les apprenants dans différents espaces virtuels isolés les uns des autres. Les ateliers permettent de garder actif l’ensemble des apprenants. Ils représentent l'outil pédagogique idéal pour l'exploration commune et l'expérience partagée. Au sein d’un atelier, les apprenants sont totalement autonomes. : ils travaillent à leur propre rythme, peuvent expérimenter par eux-mêmes mêmes et avec les autres. Ainsi ils deviennent véritablement acteurs de leur formation. Le formateur, lui, peut circuler d’atelier en atelier pour vérifier l’avancement des différents travaux et, si besoin, débloquer des situations. Il est davantage dans le rôle d’un tuteur, d’un accompagnant, que dans celui d’un enseignant délivrant un savoir de façon magistrale.

Après la séance d’ateliers, les apprenants ont la possibilité de présenter à tout le groupe le travail effectué dans leur atelier. Pour que ce travail de restitution se déroule en bonne et due forme, il est important d’avoir désigné au préalable un stagiaire référent par atelier. C’est lui qui aura la charge de restituer le plus fidèlement possible le travail qui aura été effectué en sous-groupe. Le gros avantage de la solution Via est qu’il est simple et intuitif de lancer les ateliers, d’aller de sous-groupes en sous-groupes, de rapatrier tous les participants dans la salle principale et aussi de rapatrier les travaux effectués dans les ateliers. Ainsi le formateur est très à l’aise et il peut se concentrer sur l’apprentissage. Et il en va de même pour les apprenants.

Pour conclure, quel outil pédagogique recommanderiez-vous pour dynamiser des classes virtuelles ?

Le questionnaire formatif est un outil que l’on n’a pas toujours l’habitude d’utiliser et que je recommande tout particulièrement. Il est là, comme son nom l’indique, pour former vos apprenants : leur laisser la possibilité de chercher, de se tromper autant de fois qu'ils le souhaitent pour finalement trouver la bonne réponse. Car c'est aussi par l'essai-erreur et par la répétition qu'on apprend le mieux. L’idée est, en tant que formateur, de jouer au maximum avec les feedbacks : feedbacks de niveau 1, par la façon de formuler la question, et de niveau 2, par la façon de formuler la réponse. Vous pouvez d'ailleurs apporter une précision supplémentaire dans la réponse que vous apportez aux apprenants.
Je vous encourage donc régulièrement à intercaler des petits questionnaires formatifs (2 ou 3 questions suffisent). Cela permet de bien capter l'attention de l'apprenant après une séquence plus magistrale. De plus, le simple fait d'envoyer une question par écrit suite à une notion pédagogique qui vient d’être transmise permet d'ancrer l’information dans la mémoire des apprenants. Avec Via, il est simple et rapide de se servir de cet outil (le formateur peut même créer son quiz en direct). Cela permet donc d'avoir une restitution à chaud sur des points particulièrement importants de la formation.

En résumé, les cinq principaux atouts de la classe virtuelle au sein d'un parcours eLearning :

- remettre l'humain au cœur de la formation à distance
- maintenir le lien entre apprenants et formateur
- assurer la cohésion d'un groupe d'apprenants
- utiliser des outils pédagogiques interactifs à forte valeur ajoutée, qui permettent un apprentissage immersif
- développer l'autonomie des apprenants afin qu'ils soient acteurs de leur formation